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Sacralité du quotidien

Dernière mise à jour : 1 mars 2020


Très attirée par tout ce qui touche la nature humaine et sa risibilité, les manifestations corporelles, mon travail artistique vidéo se fonde sur une volonté d'analyse et de compréhension des rapports humains.

A travers mon image ainsi que celles de personnes de mon entourage, j'essaie donc de transcrire par leurs gestes, leurs manières d'être propre, de nouvelles façons d'attraper le monde, de le concevoir. Leurs gestes m'aident à concevoir ainsi de nouveaux langages.

Une chorégraphie, un rythme qui est toujours nécessaire dans mes créations, à la fois pour réunir gracieusement, pour déployer du sens, et pour défier toute pesanteur. L'émergence de cet insolite se fait par une attention particulière aux choses de notre quotidien.

C'est grâce à la banalité, à l'ordinaire que nous pouvons faire surgir des failles et ainsi faire jouer le monde. Il y a ce but souhaité de faire rentrer dans la réalité quotidienne un réel qui nous échappe, un réel joueur-joué, une fiction pas totalement fictive. Un mythe de la réalité qui régule car elle est jeu.C'est alors l'enjeu de révéler les pratiques ordinaires sous un jour différent, de voir en elles des significations différentes.

Dans son chapitre sur l’art de nourrir, Michel de Certeau nous parle des gestes quotidiens d’une manière poétique, « ces choses de la vie qui réclament autant d’intelligence, d’imagination et de mémoire que des activités traditionnelles tenues pour supérieures »[1].

Prenant pour exemple des manières de faire banales, il établit une réciprocité entre l’écriture des gestes et celle des mots. « La ritualisation raffinée des gestes élémentaires m’est ainsi plus précieuse que la persistance des paroles et des textes, parce que les techniques du corps sont mieux protégées de la superficialité des modes et que là se joue une fidélité matérielle plus profonde, et plus lourde, une manière d’être au monde et de faire ici sa demeure »[2].

C'est alors que dans tout geste, aussi banal et commun qu'il soit, nous pouvons y accorder une interprétation, peut-être liberté d'artiste, mais aussi piège de tout quotidien.

[1] Michel de Certeau, l’invention du quotidien, p.214.

[2] ibid., p.217


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